Les situations propices aux développements orageux en Belgique


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      Les orages dans de l’air maritime

Ces orages se forment dans les masses d’air maritime à l’arrière des perturbations, dans ce qu’on nomme la « traîne ». Il s’agit alors d’air maritime qui a toujours une origine polaire, plus ou moins directe. Le vent souffle, selon le cas, de sud-ouest, d’ouest ou de nord-ouest. On a affaire ici à une masse d’air plutôt froid et humide à tous les niveaux. En mer et au littoral, l’instabilité est généralement tout juste insuffisante pour générer des averses au début de l’été (eau encore froide en mai-juin). Au coeur de l’été (eau se réchauffant graduellement en juillet-août), les averses deviennent possibles et à la fin de l’été (eau chaude en septembre), elles tendent même à devenir violentes avec risque d’orage. À la côte, les averses une fois formées tendent à persister la nuit (sauf si la brise de terre parvient à s’imposer).

À l’intérieur des terres, l’instabilité est toujours suffisante en journée pour les averses et les orages (s’il n’y pas d’autres facteurs, anticycloniques par exemple, qui les inhibent). La nuit par contre, il y a une nette tendance aux accalmies, voire aux larges éclaircies.

Comme l’air est humide, les cumulus se forment facilement dès le matin, et leur base est basse (parfois moins de 500 mètres). En journée, l’air devient légèrement plus sec à l’intérieur des terres, sous l’effet du soleil, et la base des cumulus s’élève quelque peu.

La température est en général trop basse pour les grands phénomènes orageux. Les averses par contre se forment aisément. En raison de la turbulence de cette masse d’air, de faibles thermiques suffisent déjà pour amener des bulles d’air s’élevant du sol à quelques centaines de mètres d’altitude. Et à partir de là, on tombe déjà dans l’adiabatique humide où l’instabilité conditionnelle permet la formation de cumulonimbus.

Dans la plupart des cas, on assiste alors à une alternance d’éclaircies et d’averses, avec quelques coups de tonnerres. Lorsque le vent souffle d’ouest-nord-ouest, une partie de la Belgique (région de La Panne, Coxyde, Ypres voire Tournai) reste plus sèche en raison de l’écran formé par les Îles Britanniques.

Il existe cependant une situation potentiellement dangereuse lorsque la traîne de la perturbation est particulièrement active (situation plus fréquente en hiver, mais possible en été). Dans ce cas, le jet-stream passe sur nos régions, avec même un renforcement (jet-streak) au-dessus de nos têtes. À l’avant de ce jet-streak, la force de Coriolis est supérieure au vent de gradient, ce qui déporte le courant vers la droite, tandis qu’à l’arrière de ce jet-streak, la force de Coriolis est inférieure au vent de gradient, ce qui déporte le courant vers la gauche. Du côté opposé à ces déviations, il se forme des zones de divergence en altitude qui aspirent l’air des niveaux plus bas. Ceci peut notablement renforcer l’ascendance dans les cumulonimbus passant par là, à tel point que des tornades deviennent possibles. La tornade du 1er octobre 2006 a notamment été liée à ce phénomène. Mais de nombreuses tornades estivales, observées par des températures de 18 à 20°C seulement, sont également liées à ce phénomène.

Lorsque la masse d’air maritime a une forte composante polaire, l’air est particulièrement froid en altitude et donc particulièrement instable. Si les orages restent malgré tout modérés dans cette situation, les averses quant à elles peuvent devenir particulièrement violentes et accompagnées de grêle. Les grêlons, en raison de leur nombre, peuvent former des couches impressionnantes, de 30 cm ou plus, mais leurs tailles restent en général petites. La côte belge a subi une telle averse en août 2006. En basse et moyenne Belgique, les averses peuvent aussi être accompagnées de neige jusqu’au début du mois de mai. Dans les Hautes Fagnes, la neige (fondante) reste possible jusqu’au début du mois de juin et peut déjà se remanifester à la mi-septembre.




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