Les situations propices aux développements orageux en Belgique


Table des matières

      Les orages dans de l’air tropical maritime

C’est la masse d’air qui est souvent la plus propice aux orages violents, mais pas toujours.

La première chose à retenir, c’est que dans cet air nettement plus humide, le point de condensation d’une bulle d’air ascendante est plus vite atteint, souvent en-dessous de 1000 mètres. Cela signifie que le soleil a tôt fait de rendre les basses couches de l’atmosphère suffisamment instables pour former des nuages. Les cumulus apparaissent dès le milieu de la matinée. Il s’agit d’abord de cumulus fractus et humilis, puis très vite de cumulus mediocris et congestus. Des cumulonimbus peuvent se former dès midi. Toutefois, la nébulosité trop abondante ralentit le réchauffement diurne (déjà modéré dans l’air maritime). Les orages trop près les uns des autres peuvent aussi faire qu’ils s’affaiblissent les uns les autres. On a alors un temps assez chaud et lourd, mais avec des averses plutôt modérées, voire faibles. Les coups de tonnerre, pour autant qu’il y en ait, sont alors modestes aussi. Toutefois, il arrive qu’un orage trouve des conditions plus favorables et devienne plus violent. Dans ce cas, ce sont surtout les précipitations qui seront abondantes.

Dans certaines configurations, par contre, l’air tropical maritime peut aussi mener à des orages particulièrement violents. Une des conditions pourrait être la présence d’une faible inversion thermique vers 1000-1500 mètres, surmontée d’une masse d’air plus sec qui redevient instable à plus haute altitude (comme dans le cas de l’air tropical continental sur un sol humide). Ce sont aussi des effets de foehn au-dessus des Pyrénées qui sont responsables de ce réchauffement et de ce dessèchement de l’air à moyenne altitude. Ici par contre, l’inversion est plus marquée et l’air plus humide endessous. Il se forme donc des cumulus à base plutôt basse, dont le développement s’arrête à l’inversion. Il y a parfois même étalement et on se retrouve dans une atmosphère chaude et lourde, avec une légère brume et un ciel blanchâtre, sans pour autant qu’un orage n’éclate. Le fameux temps « douff » si connu des Bruxellois.

Toutefois ici aussi, un accident de relief, une zone de convergence (liée à une dépression thermique par exemple) ou un réchauffement localement plus important des basses couches peut créer une ascendance qui perce l’inversion et pénètre dans l’air sec. Alors la situation devient rapidement explosive pour les mêmes raisons que celles décrites plus haut, surtout en cas de wind-shear. En plus, dans cette situation, le vent tend à souffler plus fort à haute altitude (d’ouest-sud-ouest, voire d’ouest). L’humidité, en moyenne, est plus élevée aussi, surtout dans les basses couches, ce qui amène dans ce cas des supercellules HP (high precipitations). Les pluies peuvent être diluviennes avec risque de grêle (toutefois avec moins de chance d’avoir d’énormes grêlons). L’activité électrique est souvent très importante et, dans les cas extrêmes, des tornades peuvent se former dans ce type d’orage. Ces tornades sont souvent invisibles si un important rideau de pluie se trouve entre la tornade et l’observateur.

Une ligne de convergence peut aussi former de très violents orages dans l’air tropical maritime. Il s’agit alors d’orages pluricellulaires qui se forment sur la ligne de convergence. On peut aussi assister à la formation d’un MCS (Meso-scale Convective System), énorme amas orageux d’un diamètre de (beaucoup) plus de 100 km, qui présente une forme ronde ou ovale. Ici, les orages s’auto-entretiennent pendant des heures et des heures. Ils persistent généralement toute la nuit, alimentés par le maximum de vent nocturne qui se forme à la suite de l’inversion au sol liée au refroidissement de la nuit. Ces orages sont généralement caractérisés par une très grande activité électrique et de très fortes précipitations.

Comme le vent général, dans l’air tropical maritime, est généralement modéré et souffle de sud à sud-ouest, les risques d’orage ne sont pas moindres à la côte (la brise de mer est contrée et n’apparaît pas). Dans les Ardennes, les orages demeurent plus nombreux et plus violents en raison du relief (pour autant que l’orientation soit favorable par rapport au vent).

Une importante activité orageuse dans la masse d’air tropical maritime avant l’arrivée du front froid peut déjà refroidir prématurément la masse d’air, ce qui fait que les orages situés sur le front proprement dit perdent beaucoup de leur puissance. J’y reviendrai.




Créer un site
Créer un site